Lors du conseil communal de ce 15 mai 2018, Baptiste Leroy, coprésident de la locale Ecolo de Leuze-en-Hainaut, a interpellé le collège communal au sujet de la récente pollution due à une fuite de mazout et, plus généralement, sur le plan de gestion du réseau hydrographique de seconde catégorie de Leuze-en-Hainaut.

Voici le texte complet de son interpellation :

Une catastrophe environnementale a eu lieu récemment sur le territoire de notre commune. Des milliers, le chiffre de 20 000 a été annoncé par la presse, de litres de mazout se sont répandus dans la nature polluant le ruisseau de Chapelle-à-Oie.

Au moment de la catastrophe, la protection civile et une entreprise spécialisée sont rapidement intervenues sur le ruisseau à hauteur de Chapelle-à-Oie. M’étant rendu sur place j’ai pu constater que si les bonnes volontés étaient au rendez-vous, les moyens étaient plutôt rudimentaires. Un ballot de paille jeté dans le ruisseau, des boudins flottants attachés à des ficelles à ballots tendues sur des poteaux de fortune plantés çà et là à la hâte.

En aval du barrage, l’odeur et les tâches d’huile à la surface de l’eau ne laissent pas planer de doute quant au fait que le barrage n’est que partiellement étanche. A la rue du couvent où plusieurs bras du ruisseau se rejoignent on voit lequel vient de Blicquy et donc de Tourpes et contient les hydrocarbures.

En amont du barrage le constat est dramatique ! Du mazout a souillé les berges tout le long du ruisseau. L’odeur est forte et des taches d’huiles apparaissent régulièrement à la surface de l’eau. Il est clair que la nature aura du mal à s’en remettre. Bien qu’Ipalle se veuille rassurant sur le sujet on se demande aussi comment la station d’épuration en aval et la nappe phréatique seront touchées par la pollution.

Inquiet de la situation, je n’ai guère été rassuré lorsque j’ai appelé le lendemain le service environnement qui a appris l’événement « par la presse » ! Le personnel lui-même semblait bien déçu de ne pas avoir pu participer à la gestion de la crise. « On ne sait pas si quelqu’un de la commune est allé sur place » m’a-t-on expliqué plein de dépit… Ce type de catastrophe ne devrait-il pas déclencher un plan d’action impliquant à la fois les autorités politiques et les services administratifs compétents ? Cette réaction a manifestement été défaillante dans ce cas de figure.

Maintenant que l’urgence n’est plus, le temps des questions et de l’analyse est venu. La question des responsabilités d’abord et de la nécessaire remise en état des sites souillés par le responsable. Il est à espérer que le principe du pollueur/payeur cher au ministre Di Antonio sera appliqué. La question aussi de la cause de la pollution. Les entreprises de livraison de mazout, qui stockent des volumes gigantesques (plus de 200 000 litres dans ce cas) doivent, conformément au permis d’environnement qui leur a été délivré, établir un encuvement des tanks de stockage étanche assurant qu’aucun liquide s’échappant des tanks ne puisse s’échapper et ce pendant toute la durée des opérations de pompage. Il semble clair que ce dispositif n’a pas été efficace dans ce cas, les raisons doivent en être recherchées.

Mais outre cette dramatique pollution, on peut s’interroger aussi sur la gestion appliquée à l’ensemble du bassin hydrographique de Leuze. Leuze est une ancienne zone marécageuse, on le sait. Des rieux et des ruisseaux il y en a beaucoup sur la commune de Leuze, plus de 16, et souvent ils y prennent même leur source. Ce patrimoine environnemental est un atout majeur pour qui veut favoriser la biodiversité. Il existe de nombreux programmes permettant d’agir, et de financer les actions, pour redonner vie à ces ruisseaux. Un contrat de rivière existe pour le bassin de la Dendre… mais Leuze-en-Hainaut n’y participe pas !

Et pourtant le travail n’est peut-être pas si titanesque. Il suffit de voir la flore luxuriante de certains bras de ruisseau, notamment l’un des bras du ruisseau de Chapelle-à-oie voisin du lieu de la récente catastrophe. La végétation et les insectes y sont abondants…

A titre d’exemple concret, en 2009 et 2010, Ipalle a réalisé à grand frais, tout de même 1.5 millions, d’argent certes non communal mais public tout de même, des travaux sur le système de collecte des eaux usées du village de Pipaix. Ces travaux visaient à ne plus utiliser le rieu des Broquets comme collecteur des eaux usées à Pipaix. Projet au combien intéressant puisqu’il allait redonner vie à cet égout à ciel ouvert… Et pourtant près de 8 ans après la mise en service du collecteur de Pipaix, force est de constater que la situation n’a guère évolué. Plusieurs riverains m’interpellent d’ailleurs régulièrement à ce sujet, des gens qui vivent au quotidien au bord de leur ruisseau comme il l’appelle et qui désespèrent d’y voir un jour pousser une plante aquatique… Des riverains qui se demandent pourquoi plusieurs fois par an, et pas lors de fortes pluies, ils voient leur ruisseau se colorer d’un blanc laiteux. Il est légitime de s’interroger sur le bon fonctionnement du système de collecte. A-t-on vérifié son fonctionnement ? A-t-on pris la peine d’évaluer l’amélioration de la qualité des eaux du rieu des Broquets suite à cet investissement ? A-t-on envisagé d’aider cette zone à se reconstituer ?

Ma question est donc la suivante : La commune a-t-elle l’intention de mettre en œuvre un réel plan de gestion de son réseau hydrographique de seconde catégorie afin de reconstituer les milieux abîmés par la main de l’homme, que ce soit suite à une utilisation par le passé comme réseau d’égouttage ou à cause de pollution de grande ampleur ?