Au conseil communal de ce 21 mai, une information a enfin été donnée par nos autorités communales quant au projet de ligne à très haute tension (380 kV), 5 mois après la clôture de la consultation publique organisée par ELIA, et qui est passée complètement inaperçue à Leuze-en-Hainaut. Le bourgmestre l’a pourtant bien confirmé : il a été convié la semaine dernière par ELIA à une réunion d’information sur ce projet qui concerne donc bien notre commune. Si M. Rawart s’est voulu rassurant quant à la traversée des villages de Pipaix et Willaupuis, il n’en reste pas moins que ce projet affectera d’autres de nos villages, sans plus de précision aujourd’hui. Nous continuons donc, comme nous l’avons fait lors de la séance du conseil communal du 2 mai, à réclamer que les citoyens soient informés en temps utile lorsque des avancées seront réalisées dans ce dossier. Il est nécessaire que les séances d’information, dont nous espérons qu’elles auront lieu rapidement, soient largement répercutées auprès de la population. Nos autorités doivent donc porter l’attention la plus haute à la communication qui sera mise en place par ELIA dans ce dossier, afin que les leuzois ne manquent pas une nouvelle possibilité de donner leur avis comme lors de la consultation publique d’octobre 2018. Il est également, de notre point de vue, indispensable qu’une démarche proactive soit mise en place au niveau de la commune afin qu’ELIA envisage tous les scénarios techniques possibles pour diminuer au maximum l’impact de ce projet sur ses riverains. L’enfouissement des lignes, même s’il constitue une alternative plus coûteuse, devrait être étudié sérieusement et privilégié lorsque c’est possible. Enfin, notre intervention lors du CC du 2 mai a été décrite comme fausse par le bourgmestre hier soir… l’analyse des faits démontre pourtant 1) qu’un projet de ligne à très haute tension concerne bien Leuze-en-Hainaut, 2) qu’une consultation publique a été réalisée en toute discrétion entre octobre et décembre 2018, 3) que personne au sein des autorités communales n’était au courant de ce projet, 4) que des cartes présentant un tracé particulièrement précis (qu’ELIA décrit aujourd’hui comme provisoire) étaient bien publiées sur le site d’ELIA dans le cadre de cette consultation. Les ecolos ont-t-ils donc crié au loup ? Non ! Et l’on peut probablement se poser la question suivante : le bourgmestre aurait-il ouvert le conseil communal du 21 mai 2019 sur un point d’information à la population quant au projet de ligne à très haute tension qui concerne notre commune si nous n’avions pas porté le sujet sur la place publique ? Poser la question c’est y répondre. La démocratie, que nous voulons participative, nécessite transparence et information des citoyens.

Cette démocratie nécessite également que des débats puissent avoir lieu au conseil communal, de manière à ce que les groupes politiques puissent exprimer leurs points de vue sur des sujets importants. Le projet de biométhanisation est l’un de ces sujets importants ! Il s’agit là d’un projet ambitieux de transition énergétique dont nous pensons que la dimension écologique représente un intérêt certain. Nous avons déjà exposé plusieurs fois notre point de vue sur ce projet que nous avons étudié en profondeur. Nous avons d’ailleurs répondu à l’enquête publique qui s’est terminée ce 20 mai 2019 à 11 heures et nous espérons que nos remarques et questions permettront au collège de prendre une position éclairée dans ce dossier. Nous regrettons cependant, que le conseil communal n’ait pas été invité à débattre de ce dossier. Nous avons exposé notre point de vue (repris ci-dessous) lors de la séance publique du conseil communal d’hier… mais nous avons été les seuls ! Les autres formations politiques n’ont-elles pas d’avis sur la question ? Ce projet ne mérite-t-il pas un débat public des élus locaux ? Nous pensons que si ! Mais manifestement notre vision de la gouvernance participative et transparente n’est pas partagée par les autres formations politiques Leuzoises.

Samuel Batteux, Ingrid Deregnaucourt, Baptiste Leroy – Conseillers communaux ecolo à Leuze-en-Hainaut

***

Dans le cadre de l’enquête publique sur l’installation d’une centrale de biométhanisation par la société SIBIOM sur le territoire de Leuze-en-Hainaut, nous souhaitons obtenir certaines précisions et faire certaines remarques quant à cette nouvelle version du projet.

Le projet de Biométhanisation se décrit lui-même, et nous nous en réjouissons, comme participant à la transition énergétique de la Wallonie picarde et contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous ne pouvons que souscrire à ce double objectif. Nous soulignons par ailleurs certaines évolutions positives du projet par rapport à sa première version. Ainsi, la transition vers des intrants issus de sous-produits agricoles plutôt que de cultures dédiées, avec un objectif de 25% à 5 ans, est tout à fait positive. L’introduction d’intrants tels la menue paille et le maïs canne ou les CIVE est également un pas dans la bonne direction, le projet est aussi présenté comme un projet d’écologie industrielle. Si ces éléments semblent tout à fait positifs, ils suscitent néanmoins un certain nombre d’interrogations :

– L’utilisation de gaz naturel du réseau pour l’alimentation de la cogénération semble être une ineptie pour un projet qui se veut réducteur des émissions de GES. La diminution de la quantité de biogaz réinjecté dans le réseau est un coût inhérent au procédé de production. Il semble ici que l’intérêt économique prime sur l’intérêt écologique ce qui n’est pas en accord avec l’objectif déclaré du projet.

– L’alimentation des camions devant assurer le charroi par du biogaz est un élément tout à fait positif qui augmente l’intérêt écologique global du projet. Néanmoins, il ne nous apparaît pas clairement si des mesures contraignantes seront prises à cet égard. Il semble également que le dimensionnement de la station CNG (2 camions/h) soit largement insuffisant pour atteindre cet objectif. Il n’est pas clair non plus si cette station CNG sera accessible au public. Cet élément serait de nature à faire accepter plus largement le projet par les riverains puisqu’une telle station représenterait un intérêt certain pour eux.

– Le partenariat avec IPALLE est évoqué dans le document (à tout le moins des discussions) mais l’implication d’IPALLE dans le projet nous parait encore largement trop peu important. Même si ceux-ci ne représentent pas des tonnages importants, les déchets organiques collectés dans les points d’apport volontaire sur l’entité et dans les entités voisines sont aujourd’hui traités à forte distance (Quévy) de leur point de collecte. Il s’agit là également d’une ineptie pour un projet se voulant écologique et réducteur d’émission de GES.

– Les chiffres de collecte de tonte de pelouse évoqués dans le document sont également étranges (1000T/an). Le rapport annuel d’IPALLE fait état de la collecte de 24 000 T de déchets verts en 2018. Il semble peu probable que seul 1/24 de ceux-ci soit constitué de tonte de pelouse. Il semble donc que cet intrant, au très fort pouvoir méthanogène, n’a pas été entièrement pris en compte. Une collecte en porte à porte dans l’entité ou une zone d’apport volontaire devrait être envisagée pour cette ressource.

– Les déchets de brasserie n’ont pas été envisagés dans la liste des intrants. Même si les tonnages ne sont pas énormes, ceci représente pourtant une ressource disponible localement et à coût probablement faible.

– L’introduction d’un objectif chiffré quant à l’introduction de culture non dédié est un élément majeur et positif de cette nouvelle version du projet. Nous nous étonnons néanmoins de ne pas voir figurer d’objectif à 10 et 20 ans. Nous souhaiterions connaître la réelle volonté de se passer entièrement des cultures énergétiques dédiées. Dans le même ordre d’idée, nous avions déjà soulevé que l’accompagnement des agriculteurs dans l’adoption de pratiques nouvelles doit passer par un plan de sensibilisation solide, incluant probablement aussi la mise à disposition d’équipements (pour ramasser la menue paille ou le maïs canne par exemple), ou encore l’installation d’équipements sur le site. La capacité à accueillir notamment des ballots de paille (broyeuse) ne semble pas représenter un investissement important, et pourrait offrir une filière de valorisation intéressante pour les ballots excédentaires parfois abandonnés (voir brûlés) sur les champs par les agriculteurs.

– Afin de conserver l’aspect écologique du projet, et ce également lorsque les CIVE représenteront une part de plus en plus importante des intrants, il est nécessaire de renforcer la dimension écologique des modes de production des intrants. La charte des producteurs est aujourd’hui beaucoup trop floue sur ces aspects. Les CIVE ne représentent un intrant positif d’un point de vue écologique que s’ils sont produits sans ajout supplémentaire de produits phytosanitaires sur les champs. Une dérive possible et dangereuse de l’ajout d’une culture intercalaire nouvelle dans le plan de culture serait que cette culture, au lieu de permettre la régénération du sol, voir une augmentation de la biodiversité dans certain cas (phacélies, colza,…), ne conduise à une pression supplémentaire sur l’environnement. L’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les CIVE, bien entendu en plus de l’interdiction d’amendements azotés, devrait figurer dans la charte du producteur. Les actions destinées à « préserver la biodiversité au niveau du territoire » sont décrites dans la charte. Cependant les producteurs ne doivent choisir qu’une des 7 actions et aucune valeur chiffrée n’est mentionnée. Un projet d’écologie industrielle devrait placer des exigences bien plus ambitieuses en terme de protection de la biodiversité.

– Enfin, le projet se présente également comme une possibilité de diversification économique pour les agriculteurs. Bien conscients des difficultés que ceux-ci rencontrent, nous saluons évidemment cet aspect. Néanmoins, nous n’avons pas trouvé dans les documents reçus les conditions contractuelles auxquelles ceux-ci seront soumis. Il s’agit là d’un élément important car si l’approvisionnement des digesteurs doit être assurés, les contrats de fournitures et les pénalités qui les accompagnent parfois peuvent également représenter une menace plutôt qu’une opportunité pour les producteurs. Nous souhaiterions donc avoir connaissance de ces conditions contractuelles.